35x45,7 in ~ Peinture, Huile
Quand le soleil d’hiver pose des ombres pâles sur les pavés de la place j’allonge parfois mon âme et la laisse se reposer. Calme comme la lumière du jour.
Le temps alors tisse une de ces toiles dont on drape les souvenirs et où l’on coud des robes de fête.
Des restes de lumière se posent sur les tables des cafés bruns. Puis, comme font les jours de décembre, vont se cacher vite dans l’ombre sous les chaises.
Festins enfuis aux reliefs qui s’estompent...
Restent des traces étranges. Traces d’échanges passionnés brodés de certitudes et d’outrancières simplifications. Tissées de confusions et de rires mêlés. Parfumées d’odeurs de tabac. Gardiennes d’arrière-goûts sucrés de bière.
Restent sur les tables les gouttes de cire tombées des bougeoirs du soir et la lueur qui s’éteint sur le verre presque vide.
Viennent les rêves avec leurs reflets sur le vert des absinthes donneuses de folie, donneuses de génie. Reviennent Van Gogh, Cézanne, Matisse et, dans les solitudes lumineuses, un surprenant Hopper joyeux.
« Vivre, c'est s'obstiner à achever un souvenir. » René Char - La parole en archipel (1962)
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Ce texte a été écrit en rebond à partir de l'oeuvre peinte, à la façon d'une chanson où la peinture serait la musique et les mots seraient les paroles. Depuis plusieurs année, ces textes sont rassemblés et édités.
L'oeuvre fait partie d'une série "CAFÉS" qui compte 31 toiles au 28 décembre 2019. Il s'agit de scènes de genre avec échange entre plusieurs personnages.
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